THE IMPORTANCE OF BEING ELEGANT
George Amponsah & Cosima Spender, UK, 2003
image Eric Turpin - son Philippe Ciompi - montage Valerio Bonelli
Nous avons tourné ce film en format DV avec un camescope Sony DSR 500. Avec les 2 coréalisateurs Cosima et George nous avions décidé de donner à certaines séquences une dominante colorée. Une dominante froide pour le personnage de Lubobo, l'archevêque de la Sape , lorsqu'il se trouve dans son univers privé, et en opposition pour les séquences sapeur proprement dites, des couleurs plus naturelles ou tirant résolument vers le chaud, notamment celles du studio d'enregistrement avec Papa Wemba.
Pour obtenir ces effets, rien de plus simple. Ce sont des techniques largement utilisées par bon nombre de directeurs photo.
Deux possibilités s'offraient à nous. Soit on ne touchait à rien au tournage et tout se faisait en post production lors de l'étalonnage final, soit on donnait une direction de couleur pendant le tournage que l'on pourrait affiner à l'étalonnage. Nous avons préféré la seconde solution : pour l'effet froid bleuté en extérieur ou intérieur lumière du jour j'ai réglé la balance des blancs sur 3200K (lumière artificielle) et quelquefois utilisé un filtre 85C qui atténue la dominante bleutée mais ne la supprime pas totalement. Pour les séquences chaudes à dominante orangée, toutes ont été tournées en intérieur lumière artificielle, j'ai réglé la balances des blancs sur 3200K et placé devant l'optique ce même filtre 85C voir un filtre 85 qui accentue la dominante orangée. Bien sur ces réglages effectués au moment du tournage n'étaient qu'une indication, tout a été remanié et affiné lors de l'étalonnage que nous avons fait à Londres avec un excellent étalonneur et une machine temps réel le Poggle.
Tous les plans du film ont été tournés caméra à l'épaule. Je crois que nous avons utilisé le pied pour un seul plan, un plan large de la gare du Nord. Notre volonté était de faire une image très dynamique, constamment en mouvement, d'utiliser le zoom à la façon des années 70 lorsque le cinéma a découvert les objectifs à focale variable, pour coller au plus près à l' energie désordonnée de nos personnages. J' ai systématiquement débrayé le moteur du zoom électrique et effectué les effets de zoom in et out manuellement pour obtenir des mouvements moins robotisés, plus vivants, plus africains.
Le concert final de Papa Wemba a été filmé avec trois caméras divergées, sans intercom son faute de moyens, pendant que George et moi filmions les sapeurs qui paradaient dans le grand hall du Zénith. Cosima filmait les coulisses, à l'aide d'une petite caméra DV Sony PD 150.
Nous avons tourné ce film au mois de juillet et août 2002 en pleine canicule et la banlieue parisienne avait des airs et des senteurs d'Afrique tropicale.